Kairouan – Demandes de mutation des enseignants: Les causes et les conséquences !

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L’absentéisme des enseignants du primaire et du secondaire figure parmi les principaux maux chroniques qui rongent notre système éducatif. Et partant, leurs demandes de mutation, aux multiples facteurs, font-elles partie du problème ou de la solution ?

En fait, beaucoup d’enseignants prennent des congés plus ou moins longs, et ce, pour plusieurs motifs dont les maladies chroniques, les dépressions dues aux mauvaises conditions dans lesquelles ils travaillent depuis plusieurs années. Le tout sur fond de stress lié au métier, aux classes surchargées, à la violence des élèves et à d’autres éléments perturbateurs.

Absentéisme, pour quelles raisons ?

Mais une des principales causes du phénomène de l’absentéisme est due aux souffrances vécues par des enseignants qui font quotidiennement la navette entre leur lieu d’habitation et leur lieu de travail. Un vrai calvaire qui engendre une perte de temps et d’argent, surtout pour le transport et les repas dans les restaurants. D’où le nombre important de demandes de mutations déposées chaque année par des enseignants désireux d’être mutés, soit à l’échelle nationale (d’un gouvernorat à un autre), soit à l’échelle régionale (d’une délégation au centre-ville).

Un responsable syndical nous explique dans ce contexte : «Il y a plusieurs critères fixant les modalités des mutations, dont le rapprochement des conjoints, le nombre d’années d’éloignement, les scores obtenus, la situation familiale, les cas sociaux, les problèmes de santé, le nombre d’enfants et des parents à charge. Mais ce que nous remarquons en général à propos du gouvernorat de Kairouan, c’est le désir d’un grand pourcentage d’enseignants d’être mutés vers des villes côtières (Tunis, Cap Bon, Sousse ou Sfax), tandis que les autres voudraient quitter les villages et les douars reculés pour aller en ville..».

Etablissements sans enseignants !

A vrai dire, les nombreuses mutations qu’on enregistre chaque année, même au milieu de l’année scolaire, entraînent un désordre pédagogique très stressant pour les élèves qui se retrouvent sans enseignants pendant plusieurs semaines.

Par ailleurs, il arrive que certains enseignants refusent les postes offerts dans les zones montagneuses, ce qui cause beaucoup de vacances, surtout dans les matières de base.

Et ce sont les élèves qui en pâtissent le plus.

Témoignage

Pour avoir une idée plus concrète sur le sujet, nous avons recueilli le témoignage d’une professeur de français, au lycée de Haffouz, depuis 10 ans, M. Soumaya R. : «Comme vous le savez, le métier d’enseignant est épuisant, on est constamment sur le qui-vive, puisqu’on est toujours appelé à consentir un effort mental et physique». D’une part, ajoute-t-elle, «on est obligé de faire régner le calme, d’autre part, on fait cours… Une vigilance de tout instant, car à la moindre distraction, on risque de perdre la maîtrise de la classe». Et l’enseignante de poursuivre, «personnellement, cela fait plusieurs années que je fais quotidiennement la navette entre Kairouan où j’habite et Haffouz où je travaille et où je dois être en forme pour bien maîtriser la classe. Il m’arrive d’être absente de chez moi de 7h00 à 16h00, alors que j’ai deux enfants scolarisés que j’aimerais accompagner dans leurs scolarité. C’est pourquoi j’ai fait beaucoup de demandes de mutation, mais en vain, faute de places disponibles…».

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